Lexique désidéré


 

Fragmentaire // définitions


Cosmiel

\ kɔs.mjɛl \ 

[MYTH.] Ange cosmique décrit dans l’ouvrage de Kircher “Le voyage céleste extatique” (1656), concepteur d’un vaisseau permettant d’explorer le système solaire .

Extraits de Itinerarium extaticum s. opificium coeleste, Athanasius Kircher (1656) :

Cosmiel : Il va falloir remettre en perspective quelques petites choses que tu pensais savoir. Ton corps est creux et le reste de l’univers y est contenu. Il suffit juste de rêver que nous ne sommes plus la plus petite des particules de l’univers, mais la plus grande, contenant toute chose.
Theodidactus : C’est absurde.
Cosmiel : Non, il faut changer de point de vue.
Theodidactus : Plus je rentre profondément en moi, plus les distances sont grandes ?
Cosmiel : En quelque sorte. Ton centre est à l’infini. La limite de ton corps est l’endroit le plus lointain de l’univers.

*

Cosmiel : Nous sommes dans l’éther si subtil, que l’homme ne peut y vivre, s’il n’est fortifié par un remède céleste.


Désir

\de.ziʁ\

†3.3 Longing for something lost or missed; regret; desiderium. Obs.  c 1611 Chapman Iliad xvii. 380 So unremoved stood these steeds, their heads to earth let fall, And warm tears gushing from their eyes, with passionate desire Of their kind manager.

[ETYM.] de la négation du latin sidus ou sideris signifiant astre, constellation, ou étoile, qui donné desiderare (“regretter l’absence de l’étoile”). 

Dans la langue des marins et des augures, l’absence des astres signifiait déception, regret. De sidus, on retrouve desidere dont l’étymologie indique que désirer, c’est cesser de contempler l’astre, se détourner de lui, l’oublier, interrompre la fascination qu’il exerçait sur nous. De sidéris, on retrouve desiderium qui signifie à la fois « regret » et « désir », impliquant que ce l’on désire est perdu, manquant. L’étymologie traduit alors desideratio, desiderium ou desiterata comme la nostalgie d’une étoile, le regret d’un astre perdu, le manque douloureux d’un objet céleste ayant disparu.


Désidéré.e

\de.si.de.ʁe\ 

[f. prec. vb. + -ed.] Desired, wanted, required.  a 1743 Cheyne (J.), Eclipses are of wonderful assistance toward the solution of this so desirable and so much desiderated problem. 1836 T. Hook Gurney Married (1839) 396 Kitty returned‥bearing in her hand‥the desiderated (I like the word, it is so long and so new) basin of broth.    1854 H. Miller Sch. & Schm. xxv. (1857) 550 The desiderated want was to be supplied by its writer.

[SOCIO.] Les désidéré.es sont à la recherche de leur infini perdu, d’une immensité spatiale dont ils cherchent à se remplir, en contemplation permanente des étoiles, qu’ils rêvent d’absorber pour se réaliser et se stabiliser dans le monde terrien. Ainsi, ce n’est qu’en s’hybridant avec l’espace, en injectant en eux un peu de l’infini qui les compose et dont le manque les ronge, qu’ils pourraient atteindre la sérénité.
[ANTHROP.] Les désidérés se définissent eux-mêmes comme une humanité désidérante, désidérée, souffrant de l’absence de sidération, c’est-à-dire de lien organique avec les étoiles.
[MYTH.] Dans la mythologie désidérée, les gènes seraient directement issus des briques élémentaires de vies apportées par des météorites sur notre planète. Cette hypothèse repose sur la théorie de la panspermie. Ils se sentent plus proches que les autres de leur origine stellaire, qui se manifeste par le vif sentiment d’être orphelin, et le sentiment permanent d’une nostalgie d’un objet cosmique vague, indéfinissable. 


Désidération

\de.si.de.ʁa.sjɔ̃\ La désidération est un symptôme, une émotion, une solitude cosmique ; souvent mal interprétée par les psychologues.

[ETYM.] De désir
[MED.] Le seul traitement connu à la sidération est la tentative de se rapprocher de l’état de Cosmiel, notamment à travers une hybridation cosmique (implant de météorites).
[SOCIOL.] Cet implant est prend le sens d’une réconciliation entre l’anthropos et le cosmos, quête de tout.e désidéré.e, devant mener à une mélancolie positive, un souvenir paisible de cet état de manque et de solitude.
[PSY.] Syndrome du jumeau perdu ; nostalgie inconsolable que seule l’aspiration de l’humanité à rejoindre le cosmos pourrait combler. L’humanité aurait erré en pensant que ses objets de désirs se trouvaient ici-bas : c’est là-bas qu’ils résident. Aux cieux.
[CINE.] Le film “In Somnis (Cosmic Junkies)” tente une description d’une épidémie de désidération.

1.1 The action of desiderating; desire, with feeling of want or regret. c 1525 Cov. Myst. (Shaks. Soc.) 386 Yif it like youre benygnyte Nouth to ben displesid wyth my desideracyon Me longith to youre presense now conjunct to the unyte.    1633 T. Adams Exp. 2 Peter iii. 18 Thus it [i.e. Amen] is a note of confirmation, as well as desideration. 1813 W. Taylor Eng. Synon. (1856) 293 Desire is aroused by hope, while desideration is inflicted by reminiscence.    1861 G. Meredith Evan Harrington I. iv. 53 He will assuredly so dispose of his influence as to suit the desiderations of his family. †2.2 Thing desired, desideratum. Obs. rare.  1836 Landor Peric. & Asp. lxxviii, Coriander-seed might correct it‥The very desideration!


État de Cosmiel

\ e.ta de  kɔs.mjɛl \ 

Etat de réconciliation d’un.e désidéré.e avec son souvenir du cosmos.

[MYTH.]  En référence au personnage de Cosmiel (ange cosmique décrit dans l’ouvrage de Kircher “Le voyage céleste extatique” (1656), concepteur d’un vaisseau permettant d’explorer le système solaire) l’état de cosmiel désigne la réconciliation d’un.e désidéré.e avec le ouvenir de son origine cosmique, pouvant passer par son hybridation avec des particules météoritiques. Ce n’est que par cet acte que les désidéré-es, ayant atteint l“état de cosmiel”, pourront espérer vivre paisiblement sur Terre, accepter leur condition d’anthropos* grâce au cosmos retrouvé en ell.eux, et  survivre dans ce monde détaché des étoiles. Cet acte de réconciliation, de plénitude cosmique, laissera, alors, peut-être place à une mélancolie positive, un souvenir paisible de cet état de manque et de solitude.

* On trouve plusieurs étymologies, non avérées, du mot “anthropos” - dont celle venant du grec "ana" (en haut) + "tropao" (tourné vers) + "ops", (le regard), et qui traduit anthropos comme “celui qui regarde le ciel” ; ou encore,  pour Platon (dans le Cratyle), le mot "Anthropos" est présenté comme issu de la faculté de voir propre à l'homme : Socrate ainsi explique à Hermogène que l'homme, anthropos, est la contraction d'une phrase de trois mots "αναθρων α οπωπε", c'est à dire "celui qui médite ce qu'il voit".


Hybridation cosmique

\i.bʁi.da.sjɔ̃ kɔs.mik\ 

Acte symbolique permettant à un.e désidéré.e d’absorber l’infini et de renouer son lien primordial au cosmos, en recevant un implant météoritique sous-cutané.
[PHYSIO.] & [MYTH.] L’hybridation, induisant une mutation des désidéré.es en organisme mi-humain, mi-cosmique, est une étape vers l’atteinte de l’état de Cosmiel.


Kircher, Athanasius

1602-1680

Erudit jésuite, l’un des plus grands scientifiques de l’époque baroque. Il est considéré comme étant l’auteur premier manifeste désidéré - “Itinerarium extaticum s. opificium coeleste” (1656). Il prétend avoir été transporté dans un voyage extatique à travers les sphères des planètes, après avoir entendu un concert donné par trois luthistes.


Sidération, sidérose

\ si.de.ʁa.sjɔ̃ \ , \ si.de.ʁoz \ 

Sidération
[ETYM.] Sidérer dérive du latin siderari,  subit l’influence (néfaste) des astres.
[MED.] Effondrement subit d’une ou plusieurs fonctions vitales.
[ANTIQ.] Ensemble des maladies  des arbres produites par la mauvaise influence des astres ; action  néfaste des météores sur la végétation
[ASTROL.] Influence subite  attribuée à un astre, sur la vie ou la santé d’une personne
[FIG.] Profond bouleversement psychique ou émotionnel qui paralyse la  réflexion et la capacité d'action. 

Sidérose
[ETHYM.] du latin sideritis (« aimant, pierre de fer ») dérivé du grec ancien σίδηρος, sideros (« fer »).
[MED.] Infiltration des tissus par des particules de fer ou d’une de ses composés.
[ASTRON.] Aérosidérite, météorite métallique composée de fer et de nickel. 


Cratère ; Astroblème

\kra.ˈtɛ.re\  ; \ as.tʁɔ.blɛm \

Cratère
[ETHYM.] Du grec ancien κρατήρ, kratêr dérivé de κεράννυμι keránummi  « mélanger ». Vase dans lequel on mélangeait le vin avec l'eau avant de  remplir les coupes.
[GEOL.] abîme, gouffre, abysse.
[MYTH.] Lieu  d'origine des désidéré.es. 

Astroblème
[ETHYM.] De l’anglais astrobleme, mot inventé par Robert S. Dietz en 1963 [a] composé de ἄστρονástron (« astre ») et de βλῆμαblêma (« coup, blessure »).
[GEOL.]  Ensemble des traces laissées par l’impact d’une météorite ou d’un astéroïde
[HIST.] La communauté de Rochechouart (Haute-Vienne, France) est la  première localité désidérée attestée et datée du approx. IX-X siècle,  comme l’illustrent les noms de Rocacoart (1027), Rocam cavardi  (1049). En 1967, il est prouvé que cette ville est située dans un  cratère de 21 km de diamètre créé par une météorite de 1.5 km de  diamètre tombée il y a 200 millions d’années.